ARAT KILO

Après l’album Visions of Selam en 2018, Arat Kilo est de retour avec Danama. Si la racine du groupe reste l’Ethio-jazz à la manière des grands maîtres éthiopiens des années 60-70, leur nouvel album explore de nouveaux horizons en empruntant aux rythmiques effrénées du jersey club de Newark, du 2-step anglais ou des fanfares de la Nouvelle-Orléans. Nous retrouvons le dialogue puissant entre le chant d’espoir de Mamani Keita et la critique sociale du MC et poète américain Mike Ladd. En tout, 12 titres mixés par Mathieu « Gib » Gibert du fameux collectif de beatmakers La Fine Equipe.

L’album ouvre avec Nahel, hommage à Nahel Merzouk, cet adolescent franco-algérien tué par balle à 17 ans, à bout portant, par un policier des Hauts-de-Seine lors d’un contrôle routier à Nanterre en juin 2023. Ensuite le morceau Nbendia, premier single qui invite à la détente, et la stupéfiante cavalcade
anticléricale de Bang Rails, sans oublier Barala, missile solaire contre les cadences infernales du monde de l’entreprise. La chanson-titre, Danama, revient sur cinq siècles d’esclavage organisé entre l’Afrique, l’Europe et les États-Unis, et sur ce qui perdure de cette idéologie coloniale jusqu’à Gaza en flammes.

En résulte de ce voyage musical une véritable leçon de vie, invitant à réapprendre à se serrer les coudes, notamment à travers Bada Bada, où le refrain de Mamani, « Quand tu reçois un invité, reçois-le bien »,
incarne parfaitement l’esprit d’hospitalité.

Elle se relie à une réflexion plus large sur la confiance en soi, en l’autre, et en la parole donnée, mais aussi sur l’espoir de futurs désirables dans un monde contemporain traversé par les crises et l’individualisme. Dans ce contexte Danama, ce mot bambara du Mali signifiant « Digne de confiance » prend tout son sens.